mardi 21 octobre 2014

476 - LIVRE-AVRIL - 11 (provisoire)







          11



      mes yeux sont eux-mêmes      la voix (le chant) des nuits



l’angoisse entre par la porte au fond de soi • elle s’insinue dans l’attirail splanchnique • dans la fressure elle caresse / enflamme / excite • ô ma vieille amie • tu es mon visage au plus vérace du moi : • ma face • ma parole • mon doute • mon meilleur • viens ! • vieille fille • viens je t’accueille • mon enfance • viens ! • on va noircir le ciel jusqu’au bas des arbres • 
(il ajoute qu’Angoisse comme un vent dans les feuilles au milieu de nulle part, comme une tragédie possible et impensable dont les effets seraient sensibles avant même qu’elle ait eu lieu) • 
(il ajoute aussi qu’Angoisse comme une chance de se réveiller soi-même, de réévaluer les liens d’importance, de voir celles qui lui sont une vie : cette vie que sont présences d’une femme et d’un enfant) •
(il conclut, avant de se resservir un peu de navarin d’agneau, qu’Angoisse penche et que cela, on n’y peut rien, c’est ainsi : Angoisse penche vers la joie) •
(il épilogue en affirmant que toute dépression est une bonne nouvelle qui se serait perdue en chemin) •



     : fend les sous-bois      je regarde l’air mort et
      les tessons d’hommes 



si je suis une frontière, il ne fait aucun doute que je suis cloué à bonne distance de moi-même. 
et dans cet écart trouve à s’exprimer ce qui se trame à l’endroit de ma présence, je désigne ici l’amoncellement d’organes verticalisé que je suis : dont je suis. 
la difficulté reste dans la saisie de cette expression qui trouve sa pleine voix dans le silence des organes. 
on pourrait penser que, quand nous affirmons que nos organes sont des textes, nous établissons une métaphore : il n’en est rien, radicalement rien. 
nos organes sont vraiment des textes, ils sont des textes pour de vrai et c’est par le truchement de ces textes que nous pourrons, à défaut de toute autre médiation, capter quelque chose de ce qui a lieu dans l’écart qui préside à la relation de soi à soi. 
lire ses propres organes n’est pas chose facile, pour autant, quand on est réduit à l’état de frontière, l’entreprise s’avère possible, car on réside précisément entre deux, voire trois langues. 
dans ces interstices s’émeut une autre langue qui demeure extrêmement proche […] de la langue dans laquelle sont écrits les textes que sont les organes. 
cette langue entre deux langues, nous pouvons en retranscrire des bribes par le biais d’une brume, textuelle elle aussi, que sécrètent, à l’ombre des longues nuits du passé, les manuels d’anatomie du siècle des Lumières et peut-être même du siècle baroque. 
je parle bien entendu d’amères lucidités et de leurs délires corollaires : je parle de dissection.
(c’est un axiome (– d’avril…).)



                                          : de femmes      – 
à la commissure du jour et d’un reste



niche dans le verrou !
fore le fer dans l’épaisseur du battant !
chant brisé !

:

acier
jour d’une v
ie inexorab
le larm
e inexor
able colèr
e du mourir et du renaît
re à pleine main
tes seins chan
ts de peau / qu
e rejoignent-el
les les her
bes l’aven
ir est une éten
due verte / l’os
sait quand vien
dra l
a mort il le t
ait pour que ch
air ne s’émeu
ve mais son sa
voir exs
ude dans les ne
rfs contra
cte le sang et c’
est tout le c
orps qui ac
court vers la br
èche vers cet
te rugueuse faç
on que le ri
re mont
re dans les cav
ités du blêm
e jusqu’à la fa
de opul
ence des torn
ades emp
iérrées / les ar
bres lon
gent le ges
te bleu la ra
ge des fl
eurs à l’as
saut d’une omb
re pénétr
able / comment red
outer les lanci
nants serm
ons du pol
len dans le v
ent rien n
e nous y prép
are le s
ang vient com
me l’ivr
esse dans l’est
uaire le v
ent rue d
ans les y
eux pul
se dans l’â
me co
mme une hou
le embras
ée dans la gor
ge des cr
is pleu
voir hur
ler ruis
seler hur
ler il n’es
t quest
ion que d
u _____
/ l’arg
ile foudr
oyé par Angoisse le f
eu des sens qu
i ple
ure d
ans le s
ang ébrèc
he et rav
ine la pen
te qui pens
e l’argile en v
apeurs de doul
eurs de pl
umes rieus
es et de cr
ânes lou
rds pl
âne dans l
e bl
anc des ye
ux du p
aysage s
es enfan
ts et les éc
orces aux y
eux de vi
pères





















Aucun commentaire: