jeudi 4 septembre 2014

458 - Ń (4,M) - deuxième version









  
Ń (4,M)


on a posé deux cadavres. âd'ahvr. on a mis un enfant dessus. je l'ai pris dans le tas. 1. on a poussé la civière. - un - feu (n'a rien dit). non. 6. j'ai posé : une prothèse mammaire. dans l'armoire à linge. mes yeux ont pensé. depuis un scalpel. un reflet d'une lumière blanc. sur une lame. une larme _ dans le lait mort. dans l'armoire en merisier. le linge a senti la lessive. 1. j'ai posé : la soupe miso. j'ai regardé : le vieux. R. il m'a dit ta       était lamentable. dans ses yeux. E. j'ai vu : le dos d'une nuit. 0. j'ai eu peur. 9. j'ai sué. devant le silence. la prothèse a chanté dans - un - feu. un chant du lait brisé contre. non. la soupe a fait un goût noir. dans les dents. des cendres ont pleuré. E. j'ai pleuré _ avec. je crois que / j'ai eu besoin d'un câlin. je crois que / j'ai eu peur de mourir. le vieux a dit que ma       n'était pas une       . dans ses yeux j'ai vu l'os d' - un - feu. 4. on a posé deux cadavres. ad'ahvr. on a mis un enfant dessus. je l'ai tenu (par le bras). celui-là il a pas deux ans, a dit quelqu'un. y'a pas d'âge ici, a dit quelqu'un. y'a des morts nous on brûle, a dit quelqu'un. mes yeux ont perdu _ l'équilibre. non. on a posé deux cadavres. ad'ahvr. 0. j'ai regardé : la prothèse mammaire. je l'ai caressée du bout du doigt. elle a crié dans la chambre. ta       ne disait jamais rien a dit le vieux. dans ses yeux. j'ai vu : un cri faire l'oiseau / vers les cyprès. j'ai senti : la lessive. j'ai serré : le petit mort (contre moi). arrête, a dit quelqu'un. on l'a mis sur les cadavres. ad'ahvr. on a poussé la civière. - un - feu (n'a rien dit). M. le linge a senti la lessive. j'ai remué : la soupe miso. les miettes ont flotté _ de quelqu'un d'autre. je crois que / j'ai manqué d'amour. non. on a posé deux cadavres. ad'avhr. on a mis un enfant dessus. j'ai pleuré devant (la prothèse mammaire). non. le vieux m'a regardé. depuis l'odeur des gens brûlés. 9.










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Soit un repère orthonormé. Soient assignés à l’axe des abscisses les huit chiffres de la date de ce jour précis où la mort de ma mère n'a pas eu lieu dans ma vie. Soient les quatre lettres de l'acronyme assignées à l’axe des ordonnées. Soit un système de coordonnées dans lequel le territoire du vide se trouve momentanément lié, ligoté, relié à un ordre arbitraire, tel Isaac ligaturé par son père Abraham sur l’autel du sacrifice. Soient les balises référencées dans ce repère, accolées à une lettre et un chiffre. Soient les balises groupées dans un ensemble de trente-deux éléments. Soit l'alphabet polonais, l'alphabet du pays des Plaines, comprenant justement trente-deux lettres, pour nommer les trente-deux balises. Soient trente-deux entrées dans le vide de ma mémoire. Soit un cryptogramme possible que le vieux me tatoue sur l’avant-bras dans le rêve.  

Structure d'une balise : Les Camps - Le non-événement - Le rêve de New-York

Amorce de la balise Ń : 
Déposer les cadavres dans les fours – Poser la prothèse de ma mère dans l’armoire à linge des parents – Poser la soupe miso sur la table




Ń (4,M), deuxième version, Les Balises, M.E.R.E, 4 septembre 2014

2 commentaires:

cjeanney a dit…

Beaucoup de mal à commenter (me touche de près, me bouleverse) (presque impossible à dire) (et du coup incapable de dire, sauf que c'est force et déchirement)

Julien Boutonnier a dit…

Merci Christine de votre passage et de vos mots.