mardi 19 novembre 2013

402 - peut(-)être un journal








je me suis senti regardé


*


besoin de  calme - chercher l'impasse où poser ma voix - temps de mue bleue - retrait 



*


perdu - trop de projets menés de front pour trop peu de temps - vibrer de conserve avec l'herbe - attendre - de front


*



finir le voyage à Mazamet qui aura sans doute pour titre : Ma mère était lamentable.

Avec en exergue cette citation du dictionnaire du deuil : 
Mère lamentable : personne sur qui on peut se lamenter.
C'est curieux, cette citation, je l'ai tweetée il y a plusieurs mois et puis je l'ai oubliée. Et aujourd'hui elle se rappelle à moi - étrange à-propos de la mémoire.


*


A l'école:
"moi j'ai un cahier j'écris tout j'écris un truc mais maman elle que j'arrive pas à le dire hé ben moi j'écris seul avec ma soeur tout seul c'est ça j'écris des lettres là..." elle me dit en voyant mon petit carnet - je note. 
Quelle belle prose, quel beau rythme, je me dis. 

*

C'est la guerre. Un homme, un idiot. Il trouve un bébé à côté d'une femme morte. Il s'en occupe mal. Le nourrisson meurt. L'homme trouve un autre bébé. Et ça recommence. Et encore. Il ne cesse de trouver des bébés qui meurent tous dans ses bras.

*

bison, auroch, cheval, bouquetin, mamouth, rhinocéros, ours, belette

*

les enfants l'automne ont joué dans les jambes du vent le petit soleil d'une balle sous la pluie morte et les feuilles qui meurent dans le froid on se fait des passes on marque on lève les bras on court

*

Il est 10h15. Ma fille écoute des comptines dans sa chambre. A. fait de la musique dans les combles. Je me tiens à la fenêtre. J'attends que ma fille me rejoigne . Nous irons modeler de la terre dans la cuisine. Je regarde novembre ravager doucement le jour. Le figuier tremble dans la pluie. Une buée sur les carreaux dit des choses de la peau, du désir et de l'étreinte. J'écoute. Que faire de plus? Pourrais-je entendre l'éboulement infime qui chuinte dans la vallée? Ce petit ru des inspirs par un souffle plus vaste? Je me poste malgré moi devant l'autre scène. Il y a des joies et des peines. Il y a ce qui pulse depuis long. Il faut que je cesse de gratter toujours la même plaie. Il faut que je continue de gratter toujours la même plaie. 

*

Ecrire dans mon carnet la vie qui vient, sans discriminer.

*


je me suis senti 10 fois










Aucun commentaire: