dimanche 24 novembre 2013

405 - delabranche /boutonnier_paroles /4



on a voulu revenir

on a trouvé les restes

peu de voix dans les pierres et sans l’eau c’était pire

on a commencé_il a rigolé le père_on a commencé sans attendre

et de perdre l’inconsolé on s’est dit tant pis on aura juste l’épaisseur et les veines_ça devrait suffire

maintenant on y est encore_on perd encore mais le silence tient bon

mais ce vacarme au fond ce vacarme hurlant qui du silence a fait son front battu à flanc

regarde tes mains pleines de sang comment l’encre rouge dessine et ment regarde tes plaies et cicatrices langue hématome déliée et lisse

et ne dis plus plus jamais que je mens

sereine ma hanche vibre au lumineux restant de nuit éparse et le sang vois-tu c’est le mensonge du vif déferlé dans le pouls

ma joie au travail ma joie nappée de mort solaire rien ne la creuse autant que ton obéissance à la colère

le père rampe à tes pieds la plaie susurre l’or du ruisseau sous l’air lent du soir et vois-tu quand harassés nous reposons vers l’insu

je ne fais pas le mort

je tiens ce qui flue là-bas

je tiens ce qui flue là-bas

tiens bon tiens-toi

je le retiens qui tient en moi qui y tenait des fois et me retiens de dire par le cœur ce qui me tient _et pleure

je ne sais ce qu’est ce bruit vrombissements larmes leurres pluies je ne sais d’où vient cette mort dans les mains son corps

les soirs et les ombres ont déserté le visage crie la carrière dans la trombe noire la roche du nom

c’est comme un goût après

le terrain vague après nos lacunes amoncelées après la misère claire

et l’eau claire la nuit dilue la semence vers la mort c’est cela qui vrombit peut-être entre les mains

son corps_père à terre sous la treille ensanglantée

jambes écartées face au Nord les menstrues cèdent sous la mère et c’est une femme

un vocable d’oiseau_son qui s’envole_cherche-la dans le doux cri du soleil

ce bruit dans tes mains

cette vocifération bleue qui tremble entre tes doigts

vois-tu le peu de cet or promis à ta voix ?

mais ma voix peine

mais les mots 
où sont-ils 
les vois-tu 
encore toi 
du haut de la rive


riverain d’eux je les côtoie les fréquente qui me méprisent ai beau les poursuivre leur emboîter le pas ils fuient devant moi

alentour des essaims de silence désirent ta peau

attendre

que revienne le gouffre au comptoir_j’ai vu les mots se susciter les uns les autres au parloir d’un abîme

j’ai vu tant disparaître au matin la place vide près de moi le jour noirci le fleuve figé dans une glace d’étain

j’ai vu la mer assécher le fleuve les rives éteindre les vagues le sable noyer le ressac comme le vent happe d’un souffle l’air

j’ai vu au loin perdue sa main que plus rien ne rattachait à moi

j’ai vu les heures les jours les années se perdre dans ses yeux

j’ai vu mieux

paupières effondrées dans les draps d’une houle hurlante

j’ai vu sa main meurtrie

sur le marbre brumeux_défaire la cicatrice et les voix des espaces creusés de gris

propagation_d’un meurtre perdu dans ses yeux_ce tremblement

cet influx rouge sur la lame de tes gestes

et ce poids d’un labyrinthe dans le moindre baiser

j’ai vu son corps étendu sur la grève ressac de souffle
j’ai vu sa peau de souffre partir en nuées
j’ai vu sa main de sel se dissiper


creuser_entre ses mains_déloger le meurtre_assoiffer la gorge du vivre_désirer la résurrection_ORDET_

j’ai vu l’outrage en feu ravager le malheur
j’ai vu la joie des esseulés 
j’ai vu les trous dans la peau des heureux


j’ai vu l’horizon de dos
la lune le jour 
ton ombre la nuit


j’ai vu l’envers se tendre 
les bras plier
j’ai vu tomber les anges


j’ai vu ta main dans son corps 
l’arbre dans la terre
l’eau à la mer jetée


j’ai vu l’incendie debout dans sa bouche j’ai vu le combat tendre le bras dans ses yeux vu l’écho du feu sur ses lèvres

et l’écume muer en grêle rieuse et tes poings s’ouvrir dans le percement de l’amour

j’ai vu ce soir prendre ses affaires et s’en aller mourir dans ses bras ruisselants

et puis ce fut la guerre jusque dans nos veines

et puis ce fut la guerre jusque dans nos veines



(échange "twitter" in progress entre Emmanuel Delabranche et moi-même_ publié avec son accord_ 2013)










paroles - nov 2013

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