samedi 5 janvier 2013

300 - M.E.R.E - 2







J'ai fait un rêve.
Je m'y trouve à New-York avec des amis que je ne connais pas. Je suis plus jeune qu'à ce jour. Je dois avoir dans les vingt ans. Nous attendons dans une pièce exiguë. Quand vient mon tour, j'avance dans un couloir plutôt étroit, légèrement en pente, sur le sol duquel est posé un linoléum lisse. Au terme de ma marche, je me trouve en compagnie d'un vieil homme dans une arrière-boutique. Nous sommes tous deux accoudés à une table où veille un ordinateur. Je considère son crâne dégarni, ses cheveux blancs qui frisent sur les oreilles et dans la nuque, son nez camus, ses yeux bleu lavande; il devrait avoir l'air sympathique, pourtant il m'inspire autre chose, un sentiment pour le moins difficile à exprimer mais très certainement peu confortable. Il commence à parler en fixant l'écran de sa machine où je peux voir un paysage flou, humide, avec des cyprès et des murs. On dirait qu'il lit dans cette image les phrases qu'il dit. Il m'explique que ma mère était lamentable, qu'elle n'était pas du tout mère, qu'elle ne disait jamais rien. Il écrit ensuite, avec un stylo à l'encre noire, des lettres sur mon avant-bras, de haut en bas, qu'il relie par des segments. Je ne me souviens pas des caractères dans le détail. Le cryptogramme ressemble à ceci: 






A la fin, le monsieur me tend une soupe. Des croûtons flottent à la surface. On dirait un soupe miso mais sans champignons. J'hésite quelques instants à boire. Il se pourrait que le vieux veuille me droguer. J'ingurgite malgré tout le breuvage. Il y a un dépôt au fond de l'assiette creuse. On dirait des miettes de pain, comme si précédemment on y avait trempé des tartines.
C'est après ce rêve que j'entame M.E.R.E. Sans que je comprenne par des moyens rationnels de quoi il retourne, ce songe apparaît comme un point de départ possible, ou plutôt comme une invitation au travail à laquelle je ne peux qu'acquiescer sans plus réfléchir. C'est dire la force de persuasion de ce récit issu des ombres de mon esprit. Si je fais confiance à cette mystérieuse construction de mon psychisme sans moi, puisque je dormais, c'est à cause de mon corps. Je ressens quelque chose là, dans ma chair, qui dit oui, qui m'autorise à entamer un chemin de retour vers le trauma: la maladie et la mort de ma mère au début des années quatre-vingt dix. 
Qu'ai-je à y gagner? Que pourrait m'apporter de m'aventurer de nouveau dans cette zone si sensible de mon histoire? 
Peut-être une sorte de responsabilité?









M.E.R.E vendredi 4 janvier

2 commentaires:

Brigitte Giraud a dit…

Ce rêve, comme souvent, est construit sur des paradoxes. Il serait intéressant que vous fassiez parler les lettres de votre bras... Pour chasser la culpabilité. Les tatouages ne sont plus indélébiles.

Julien Boutonnier a dit…

@BrigitteGiraud
OUI